En RDC, Nuru développe ses micro-centrales solaires dans le désert énergétique congolais

Ce qui saute aux yeux dans le paysage verdoyant des collines luxuriantes de Bulengo, à proximité de Goma, ce sont ces tentes de fortune plantées à perte de vue. Plus de 130 000 personnes déplacées se sont réfugiées sur ce terrain, non loin des rives du lac Kivu, en quelques semaines au début de l’année, fuyant les combats qui opposent à une dizaine de kilomètres plus au nord le groupe rebelle du Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda voisin à l’armée congolaise (FARDC). Difficile d’imaginer que, dans quelques mois, se dressera là, jouxtant ce camp du désespoir, un site de production d’énergie solaire construit par une société locale, Nuru, la « lumière » en swahili, langue parlée dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) et, plus généralement, du continent africain.

En RDC, cette entreprise est pionnière dans son domaine, la création de mini-réseaux électriques, autrement dit des systèmes de petite taille, indépendants du réseau électrique national, composés d’un site de panneaux solaires, d’une unité de stockage grâce à des batteries et, en bout de chaîne, d’un réseau de distribution jusqu’au consommateur final. Nuru est ainsi exemplaire, bien que limité à l’échelle de l’immense pays au potentiel hydraulique considérable, mais où seulement 20 % des quelque 96 millions d’habitants ont accès à l’électricité.

A Bulengo, la proximité du camp de déplacés rappelle aux fondateurs de Nuru – Archip Lobo, Congolais né à Butembo, à 300 km au nord de Goma, et Johnatan Shaw, originaire du Kenya – que les problèmes qu’ils entendaient résoudre, il y a dix ans, demeurent d’une actualité dramatique. « Nous étions des idéalistes, nous rêvions d’un autre Congo. Sans électricité, donc sans accès à l’éducation, comment empêcher la manipulation des esprits ? Sans électricité, donc sans tissu entrepreneurial, comment empêcher les jeunes sans emploi de rejoindre les groupes armés qui vivent de l’économie du sang dans les zones minières ou du commerce de charbon de bois, produit de la déforestation dans les zones d’insécurité ? », demande Archip Lobo. En d’autres termes : pas de paix sans développement, pas de développement sans énergie et donc sans électricité.

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